Histoire de l'Ardèche

Au fil du temps, et tout au long des différentes périodes de l'histoire (préhistoire, époque gallo-romaine, moyen-âge, renaissance), l'Ardèche s'est enrichie d'un riche passé historique. Un passé révélé par les faits de personnages célèbres (événements, inventions), par de splendides richesses artistiques (grotte Chauvet), sans oublier des générations de petites mains bâtisseuses. Tous ont marqué ou dessiné l'Ardèche que nous pouvons visiter aujourd'hui.


La préhistoire

Paléolithique inférieur (- 340 000 à - 90 000 ans avant J.C.)

Les premières traces de l'homme.
L'homo erectus, à l'âge de la pierre taillée, se répartit dans toute l'Europe. En Ardèche, c'est près d'Orgnac que la découverte des premières habitations (grottes et abris naturels), nous permet de dire que nos ancêtres ont à cette époque, la connaissance du feu et la pratique du silex pour la fabrication de ses outils.


Paléolithique moyen (- 90 000 à environ - 30 000 avant J.C.)

L'homme de Néandertal succède à l'homo erectus. Son passage est présent le long de la vallée du Rhône (grottes de Soyons, …) et dans les abris naturels (chênes verts, cavernes, …) du Bas-Vivarais.


Paléolithique supérieur (- 40 000 / - 35 000 à - 9000 avant J.C.)

Durant cette période, l'homme de Cro-Magnon vit dans les gorges de l'Ardèche, le long de cours d'eau sud ardéchois (Labeaume, le Chassezac, l'Ibie,) et sur les rives du Rhône. Il se nourrit de chasse et de cueillette. C'est un artiste et par des représentations, notamment de l'art animalier sur les parois de grottes (peintures pariétales), il nous lègue ses incroyables talents. À la fin de cette période, c'est-à-dire à l'Épipaléolithique, le climat se réchauffe, et l'environnement se modifie. L'homme de Cro-Magnon adopte un nouveau mode de vie, aussi son art s'exprime différemment et principalement par des représentations schématiques.

Gravures et peintures : Le territoire ardéchois est riche de centaines de grottes et d'avens, de nombreuses grottes sont ornées de gravures et de peintures, parmi les plus importantes : la grotte Chauvet Pont-d'Arc, les grottes d'Ebbou, de la tête du lion, etc.
Le plus souvent nos ancêtres ont représenté des figures d'animaux, des signes, des compositions complexes (qui restent à être interprétées), comme la Vénus au bison de la grotte Chauvet.


Le Mésolithique (- 9000 à - 5500 avant J.C.)

Au mésolithique, l'écosystème change, les forêts se développent, le climat devient de plus en plus tempéré. À ce bouleversement, paradoxalement plus difficile, l'homme, excellent archer et chasseur, s'y adapte parfaitement. Plusieurs sites en Ardèche méridionale sont témoins de cette période : La Grotte de la Baume d'Oulen, l'abri-sous-roche de Vernon à Saint-Remèze, également à Montpezat-sous-Bauzon et à Labastide-de-Virac.


Le Néolithique (- 5500 à - 2000 avant J.C.)

C'est le temps des premières communautés paysannes d'agriculteurs et d'éleveurs. Ils s'établissent dans le sud du département, occupent encore les grottes tout en construisant des habitations solides dans les plaines et dans les bassins le long du Rhône, de l'Ardèche, du Chassezac. À la fin de cette période, alors que l'homme ne sait pas encore utiliser les métaux, il bâtit, en particulier dans le sud de l'Ardèche, des monuments mégalithiques ; Pierres dressées (Menhirs), et énormes tables de pierres (Dolmens). L'Ardèche est le département de France qui en compte le plus grand nombre, environ 600. Le dolmen de Champvermeil à Bidon est l'un des plus grands spécimens, il est classé monument historique.


La protohistoire

L'âge des métaux (- 2000 à - 125 avant J.C.)

Les objets trouvés dans les grottes de Peyroches et du Pontiar, auraient probablement été permutés ou apportés du Massif Central et de l'Est de la France, trafic dû au manque d'étain dans le département. Trois vases, dont certains aux parures de bronze, appelés « trésor du Déroc », ont été trouvés dans une grotte de Vallon-Pont-d'Arc.
À cette époque la civilisation s'accroît considérablement grâce à une suite d'invasions, les Celtes (Europe du Nord), les Grecs et les Etrusques (Europe du Sud). En Ardèche les influences sont variées, d'une part il y a les tribus gauloises, et d'autre part la forte présence dans le département du peuple des Helviens, il se partage la partie méridionale du territoire avec les Ségauvellaume (oppidum de Soyons et les Allobrogres).


L'Ardèche gallo-romaine (- 125 avant J.C. à 500)

Suite à l'invasion des Romains, la Provincia Romana s'étend entre les Alpes et le Rhône et va jusqu'aux Pyrénées Orientales. Elle comprend aussi le pays des Helviens qui constitue un prolongement de l'Italie. Les Romains dominent la Méditerranée et commencent l'organisation du réseau routier (ponts romains à Le Pouzin, à Viviers, voies romaines avec bornes militaires, …). Le nom des Helviens est remplacé par celui d'Alba, cette cité se développe et connaît son heure de gloire au IIe siècle après J.C., en 325 elle est siège d'un évêché. Aujourd'hui c'est donc à Alba-la-Romaine que nous retrouvons les plus considérables vestiges romains du département ardéchois.


L'histoire

L'Ardèche du Moyen-âge (500 à 1500)

Au Ve siècle l'évêché d'Alba est déplacé à Viviers, après les Wisigoths puis les Burgondes, le Vivarais du VIe siècle connaît l'instabilité des royaumes francs. Beaucoup d'églises à vocation funéraire sont construites en dehors des villes (Saint-Saturnin Notre Dame à Viviers). Les monastères et les abbayes (Masan, Les Chambons, Cruas, …), les splendides églises romanes (Thines, Champagne, …) les communautés religieuses s'épanouissent dans tout le Vivarais. Campagnes et petites villes sont en plein essor, les seigneurs montrent leur pourvoir par d'humbles tours ou d'imposants châteaux. L'évêque de Viviers au rôle très important et très puissant, notamment au XII et XIIIe siècle, doit malgré tout, faire face à d'éminents barons ou comtes (les Montlaur, les Adhémar, les comtes du Valentinois). La monarchie Capétienne va tout d'abord diminuer les pouvoirs locaux jusqu'à les faire disparaître vers 1320. Au XVe siècle c'est la création des États particuliers du Vivarais, consolidant l'unité administrative, subordonnés aux États du Languedoc, ils subsisteront jusqu'à la révolution.


De la Renaissance aux guerres de religion (1500 à 1800)

La renaissance en Vivarais est une période animée, Noël Albert, percepteur sans scrupule des impôts, convertit au protestantisme, fait construire la magnifique maison des Chevaliers à Viviers et le Cardinal François de Tournon fonde le collège de Tournon. En 1562 les États du Vivarais sont partagés en deux États, les protestants et les catholiques ; c'est l'année de la première des huit guerres de religion qui baigneront le pays dans le sang.


La naissance du département (1790)

La révolution française a marqué les esprits et certains ardéchois sont restés dans l'attentisme alors que d'autres ont confronté leurs divergences, tels les Jacobins et les Chouans (réfugiés dans les montagnes). Le 4 mars 1790 la France est divisée en 83 départements et presque tout l'ancien pays du Vivarais prend l'éponyme "Ardèche", du nom de sa plus longue rivière. Initialement en sixième position dans l'ordre alphabétique, l'Ardèche est le département 07 depuis l'intégration des Alpes-Maritimes en 1860.


L'Ardèche du XIXe au XXe siècle

Au XIXe siècle, le nouveau département va se développer économiquement et démographiquement, et ce jusqu'au Second Empire. Une croissance issue de l'industrie de la soie et du papier, de la mine et de l'arrivée du chemin de fer. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs maladies, celle du ver à soie (la pébrime), de la vigne (le phylloxéra), et de l'encre qui touche les châtaigniers, inversera la tendance.
Avec l'arrivée du chemin de fer les modes de transports changent et les relations commerciales vallée du Rhône/Massif central sont bouleversées. C'est alors que la vie rurale se transforme et jusqu'aux années 1960 la population diminue, la vie rurale change, beaucoup quittent le pays en direction des villes.
Au XXe siècle, l'élevage caprin et bovin prend le dessus sur la polyculture, pêches et cerises se cultivent de plus en plus et la vigne connaît une nouvelle naissance dans la vallée du Rhône. Au niveau de l'industrie l'Ardèche connait aussi de grands bouleversements, tannerie et moulinage laissent la place à l'industrie électro-nucléaire, agro-alimentaire et pharmaceutique. Bien que l'Ardèche bénéficie de nombreux atouts (beauté de ses sites naturels, patrimoine original, produits de qualité...), elle doit faire face à une désertification intense.


De nos jours

L'Ardèche d'aujourd'hui profite de ses atouts environnementaux pour développer le secteur du tourisme. Ce nouveau dynamisme est issu des activités liées aux vacances, aux sports, à la nature et à la culture. Le département accueille chaque année plus d'un million de touristes.


Quelques personnages célèbres

Olivier de Serres (1539-1619)

Gentilhomme né à Villeneuve-de-Berg, huguenot, agronome et père de l'agriculture française.
Dans un rapport à Henri IV intitulé "L'art de la cueillette de la soie", il préconisa l'extension de la culture de la soie à l'ensemble du domaine royal à une époque où celle-ci était très localisée. À la suite de ce rapport, Henri IV fit planter 20 000 mûriers aux Tuileries et la culture de la soie fut étendue sur la moitié de la France. Dans son volumineux traité "Le théâtre d'agriculture et le mesnage des champs", il y expose de nombreuses techniques qui constitueront le fondement de l'agriculture moderne (labours profonds, utilisation d'engrais, système de friches…).

Les Vogüé

Avec la branche Soubise des Rohan, ils furent étroitement associés à l'histoire du Vivarais du XVI-XVIIe siècle (cf. révolte de Rohan dans les Cévennes en 1629) au XIXe siècle (où les Vogüe continuent de posséder des terres et des activités industrielles sur la majeure partie du Vivarais). Le château de Vogüé témoigne de leur empreinte en sud Ardèche. Les comtes d'Aubenas sont issus des Vogüé.

Le Cardinal de Bernis (1715-1794)

Né à Saint-Marcel d'Ardèche, il eut une carrière exceptionnellement brillante et variée : grand diplomate (ambassadeur à Venise à 32 ans, négociateur du traité de paix à l'issue de la guerre de succession d'Espagne), Ministre d'Etat à 38 ans. Sa carrière d'homme d'église fut consacrée lorsqu'il devint Cardinal à seulement 43 ans.

Boissy d'Anglas (1756-1826)

Né à Saint-Jean-Chambre en Ardèche, avocat protestant, représentant du tiers-Etat vivarois aux États généraux, ancien conventionnel, et poète.

La famille de Montgolfier

Installée à Annonay à la fin du XVIIe siècle, a développé très vite son pouvoir économique en fondant, en association avec la famille de Canson, les papeteries Canson-Montgolfier. Les frères de Montgolfier se sont quant à eux rendus célèbres par l'invention de l'aérostat en 1783.

Marc Seguin (1786-1875)

Né à Annonay en nord Ardèche. Scientifique de renom, il inventa la chaudière tubulaire, une technologie pour améliorer la puissance des locomotives à vapeur, utilisée dès le XIXe siècle. Il mit aussi au point la technique des ponts suspendus.

Vincent d'Indy (1851-1931)

Artiste contemporain, compositeur attaché à la musique populaire, issu d'une vieille famille du Haut-Vivarais.


Articles mis à jour le 23/06/2020